Quand la mer rencontre le talent des bâtisseurs
Édifié à la fin du XVIᵉ siècle sous Henri III par l’architecte Louis de Foix, puis achevé sous Henri IV, le phare de Cordouan fut au-delà d’un simple outil de navigation. Pensé comme une œuvre d’art et un symbole de puissance, il allie science, foi et prouesse technique. Au XVIIIᵉ siècle, l’ingénieur Joseph Teulère lui donne sa forme actuelle : une belle tour de 68 mètres bâtie pour résister aux assauts du large.
Une œuvre vivante
À l’intérieur, l’ascension se transforme en véritable un voyage à travers les époques :
- la salle du Roi, pavée de marbre, évoque la grandeur de la Renaissance ;
- la chapelle royale, baignée de vitraux, relie la mer au sacré ;
- plus haut, les salles techniques et la chambre de veille racontent le quotidien des gardiens, derniers témoins d’un phare encore habité.
Classé Monument historique dès 1862, Cordouan est aujourd’hui le dernier phare en mer gardé et ouvert à la visite.
Visiter Cordouan : l’aventure d’une mer à apprivoiser
Avant d’apercevoir le phare, il faut d’abord prendre la mer. La visite du phare de Cordouan commence toujours par une traversée : un moment suspendu entre deux mondes, où la côte s’éloigne et l’horizon se rapproche. Ici, chaque étape compte autant que la destination et le voyage se fait lentement, au rythme du vent et des marées.
Embarquer vers le « Roi des mers »
Depuis Royan ou Le Verdon-sur-Mer, les bateaux quittent la côte au petit matin ou en journée, selon les marées. La traversée dure environ 45 minutes : juste le temps de sentir le vent salé sur la peau et d’apercevoir le phare se dessiner peu à peu au loin.
À bord, le silence s’installe, ponctué par le cri des mouettes et le clapotis de l’eau.
Une arrivée les pieds dans l’eau
À l’approche de l’îlot, la mer se retire doucement, laissant apparaître le plateau rocheux de Cordouan. Le débarquement se fait à marée basse, parfois avec de l’eau jusqu’aux genoux. On marche quelques minutes sur les bancs de sable, entre flaques et coquillages, avant de rejoindre la porte du phare. Cette approche à pied donne toute sa valeur à la visite : elle rappelle la fragilité du lieu, la puissance de la nature et la patience qu’il faut pour y accéder.
Une ascension entre ciel et mier
À l’intérieur, les 301 marches conduisent lentement jusqu’à la lanterne. Chaque palier invite à faire une pause, porter son regard sur la mer ou sur un détail d’architecture.
Au sommet, la vue s’ouvre sur l’estuaire de la Gironde, les plages du Médoc et les côtes de Royan. Et sous vos pieds, la mer se déploie à perte de vue : un paysage en mouvement perpétuel, que le phare éclaire depuis plus de quatre siècles.
Une visite à vivre en pleine conscience
La visite dure environ 1h à 1h30. Dès votre arrivée, les gardiens vous accueillent et partagent l’histoire du lieu, ses anecdotes et ses secrets. La lenteur du parcours fait partie de l’expérience : on monte, on s’arrête, on respire, et on écoute le vent souffler dans la pierre. Ici, le temps ne se perd pas, il se retrouve, dans chaque pas, chaque regard, chaque rayon de lumière filtrant à travers la pierre.
